Une balade infinie au pays de la poésie et de la peinture...
La pluie
Paul FORT
La pluie tombe infinie. Les horizons s’enfuient. Où vont-ils ces coteaux, ces coteaux sous la pluie, qui portent sur leur dos ces forêts qui s’ennuient ?
Où donc est Andely, Andely-le-Petit ? Son coteau ? son château ? Je les voyais tantôt. Les horizons s’enfuient. La pluie tombe infinie.
Du côté des forêts qui donc réapparaît ? Ce géant, est-ce lui ? Est-ce toi, vieux château qui va courbant ton dos sous neuf siècles d’ennui ?
La pluie tombe infinie.
Il pleure dans mon coeur
Paul Verlaine
Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville.
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ?
Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un cœur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie !
Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s'écoeure.
Quoi ! Nulle trahison ?
Ce deuil est sans raison.
C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi,
Sans amour et sans haine
Mon coeur a tant de peine.
LA PLUIE
Pierre Morhange
La pluie et moi marchions
Bons camarades
Elle courait devant et derrière moi
Et je serrais notre trésor dans mon coeur
Elle chantait pour nous cacher
Elle chantait pour endormir mon coeur
Elle passait sur mon front sa peau mouillée
Et humaine ma chère pluie
Elle tendait l'oreille
Pour savoir si mon chant silencieux était anéanti
Elle me met les mains sur les épaules
Et court tant haut dans la plaine du ciel
Et tant me montre les diamants du soleil
Et tant toujours me caresse la peau
Et tant toujours me chante dans les os
Que je deviens un bon camarade
J'entonne une grande chanson
Qu'on entend et les cabarets et les oiseaux
Disent à notre passage Maintenant
Ils chantent tous les deux.
Bien au chaud
Ann ROCARD
Dans ma maison, bien au chaud,
je vois le jour qui s'enfuit
et les étoiles là-haut
qui s'allument dans la nuit.
J'entends le vent qui s'élance
entre les tuiles du toit
et les grands arbres qui dansent
à la lisière du bois.
Chez moi, je suis à l'abri.
Je bois un bon lait bouillant.
Je n'ai pas peur de la pluie,
de l'hiver et du grand vent.
Le jardin mouillé
Henri de REGNIER
A petit bruit et peu à peu,
Sur le jardin frais et dormant,
Feuille à feuille, la pluie éveille
L’arbre poudreux qu’elle verdit ;
Au mur on dirait que la treille
S’étire d’un geste engourdi.
L’herbe frémit, le gravier tiède
Crépite et l’on croirait, là-bas,
Entendre sur le sable et l’herbe
Comme d’imperceptibles pas.
Le jardin chuchote et tressaille,
Furtif et confidentiel ;
L’averse semble maille à maille
Tisser la terre avec le ciel.
LA PLUIE
MAX JACOB
Monsieur Yousouf a oublié son parapluie
Monsieur Yousouf a perdu son parapluie
Madame Yousouf, on lui a volé son parapluie
Il y avait une pomme d'ivoire à son parapluie
Ce qui m'est entré dans l'oeil c'est le bout d'un parapluie
Est-ce que je n'ai pas laissé mon parapluie
Hier soir dans votre porte-parapluies ?
Il faudra que j'achète un parapluie
Moi je ne me sers jamais de parapluie
J'ai un cache-poussière avec un capuchon pour la pluie
Monsieur Yousouf vous avez de la veine de vous passer de parapluie.
Sous la pluie
Jean Richepin
Il tombe de l'eau, plic ! ploc ! plac !
Il tombe de l'eau plein mon sac.
Il pleut, ça mouille,
Et pas du vin !
Quel temps divin
Pour la grenouille !
Il tombe de l'eau, plic ! ploc ! plac !
Il tombe de l'eau plein mon sac.
Après la pluie
Viendra le vent
En arrivant
Il vous essuie.
Il tombe de l'eau, plic ! ploc ! plac !
Il tombe de l'eau plein mon sac.
Il pleut doucement, ma mère
Maurice Carême
Il pleut doucement, ma mère,
Et c'est l'automne
Si doucement
Que c'est la même pluie
Et le même automne
Qu'il y a bien des ans.
Il pleut et il y a encore,
Comme il y a bien des ans,
Combien de coeurs au fil de l'eau
Et combien de petits sabots
Rêvant au coin de l'âtre.
Et c'est le soir, ma mère,
Et tes genoux sont là
Si près du feu
Que c'est le même soir
Et les mêmes genoux
Qu'il y a bien des ans.
Il pleut doucement, ma mère,
Et c'est l'automne
Et c'est le soir, ma mère,
Et tes genoux sont là.
Prends-moi sur tes genoux, ce soir,
Comme il y a bien des ans
Et raconte-moi l'histoire
De la Belle au bois dormant.
Automne
René Guy Cadou
Odeur des pluies de mon enfance
Derniers soleils de la saison !
A sept ans comme il faisait bon,
Après d'ennuyeuses vacances,
Se retrouver dans sa maison !
La vieille classe de mon père,
Pleine de guêpes écrasées,
Sentait l'encre, le bois, la craie
Et ces merveilleuses poussières
Amassées par tout un été.
0 temps charmant des brumes douces,
Des gibiers, des longs vols d'oiseaux,
Le vent souffle sous le préau,
Mais je tiens entre paume et pouce
Une rouge pomme à couteau.
Frank Wenston Benton - Jour de pluie
PLUIE D’AUTOMNE
Anatole FRANCE
La pluie froide et tranquille,
qui tombe lentement du ciel gris, frappe mes vitres à petits coups comme pour m’appeler; elle ne fait qu’un bruit léger et pourtant la chute de chaque goutte retentit tristement dans mon cœur.
Tandis qu’assis au foyer, les pieds sur les chenets, la pluie monotone retient ma pensée dans une rêverie mélancolique et je songe…
La pluie
Paule Lavergne
La pluie,la pluie
Dans la bassine
La pluie, la pluie
Dit sa comptine
La pluie, la pluie
Au contrevent
Dit sa comptine
Contre le vent
La pluie, la pluie
En bas percés
Perce la terre
De mille pieds
(contes et liens sur le thème de l'eau)