Ricochet est le portail européen de la littérature jeunesse
un site incontournable pour les apprentis auteurs
Une mine d’or !
On y trouve des quantités de renseignements
sur les livres pour enfants
mais aussi sur les maisons d’éditions,
les auteurs, les illustrateurs, etc.
Le forum est un lieu de renconcontres enrichissantes
Pour faire partie de Ricochet
lorsque l’on est un auteur débutant
il suffit d’envoyer un texte...
* Les différents projets Ricochet
(de nombreuses histoires à lire !) :
L'orange des rêves
Jean-Pierre Siméon
Tu peux perdre le nord
comme on dit
tu peux perdre patience
tu peux perdre ton temps
perdre la mémoire
et ses chemins aveugles
Le sommeil peut glisser
comme une truite
dans tes mains
Tu peux perdre ton sourire
Mais ne perds pas
ne perds jamais
l'orange de tes rêves
PÂQUERETTE
CHRISTIAN POSLANIEC
Cette nuit
Mon p'tit lit
s'est pris pour un oiseau:
a pondu un œuf tout chaud.
Je me suis demandé
Qui pouvait l'habiter !
J'ai frappé !
J'ai frappé !
Personne ne m'a dit d'entrer.
Alors je l'ai mangé.
C'était un œuf sucré !
Mon ami le lit
Michel LUNEAU
J’ai de la peine :
Il m’offre son matelas de laine.
Je suis heureux :
Je me roule en son creux moelleux.
Mon meilleur ami,
C’est mon lit.
Il est plein d’attentions pour moi.
- Les draps ne sont-ils pas trop froids ?
Veux-tu une autre couverture ?
L’oreiller n’est-il pas trop dur ?
Oh ! non, c’est doux.
Je m’endors, j’oublie tout,
Je vais rêver…
… Et l’on s’étonne que j’aie du mal à me lever !
J'ai rêvé
Claude Haller
J'ai rêvé d'un train
Suis devenu le train
J'ai rêvé d'un jardin
Suis devenu le jardin
J'ai rêvé d'un magicien
Suis devenu le magicien
Or, sitôt que magicien
j'ai voulu être quelqu'un
tout soudain
je ne fus plus rien.
Cavalcade
LOUIS GUILLAUME
Un cheval de lune
Courait sur le sable
Un poulain d'écume
Trottait sur la grève,
Au trot, au trot, au galop.
Un cheval d'ivoire
Courait dans le soir,
Un cavalier rouge
Traversait l'automne,
Au trot, au trot, au galop.
Un cheval de pluie
Courait dans la nuit
Un coursier de verre
Labourait la mer,
Au trot, au trot, au galop.
Et tous les enfants
Poursuivaient en rêve
Toutes ces crinières
Libres dans le vent,
Au trot, au trot, au galop.
Il y a des mots
Georges Jean
Il y a des mots, c'est pour les dire,
c'est pour les faire frire,
c'est pour rire.
Il y a des mots, c'est pour les chanter,
c'est pour rêver,
c'est pour les manger.
Il y a des mots, que l'on ramasse;
des mots qui passent,
des mots qui se cassent.
Il y a des mots pour le matin,
des mots métropolitains,
ou lointains.
Il y a des mots épais et noir,
des mots légers pour les histoires,
des mots à boire.
Il y a des mots pour toutes les choses,
pour les lèvres, pour les roses,
des mots pour les métamorphoses,
Si l'on ose...
LE TEMPS DES MIRAGES
DENISE D. JALLAIS
Regarde les cheveux
Et c'est un arbre
Tu dis
Donne la lune
Pour manger
Tu dis
Je t'aime
Grand comme une maison
Tu prends les grains de café
Pour des chocolats
Le mimosa
Pour des œufs durs
Les nuages
Pour des locomotives
Tu crois
Que les phares ont des yeux
Que les autos ont des oreilles
Que les chats parlent
Que les vaches existent
Seulement sur les gruyères
L'habitant du miroir
Marc Alain
Enfants méfiez-vous des miroirs !
Surtout quand tombe le soir,
Quand le chien-loup du crépuscule
Hurle à la nuit dans la pendule :
A l'heure où le jour va dormir
S'éveille le miroir vampire.
Car cette glace familière
Où se mirent les écolières
Après les belles jadis,
Cette glace, je vous le dis,
Abrite un monstre sans visage
Qui veut dévorer vos images.
Le monstre du miroir attend
Le temps qu'il faut, il a le temps,
Tapi dans son luisant dédale,
Salles de neige et de cristal,
Il attend sans un mouvement
L'instant d'agir, le bon moment.
Quand les yeux dorment, lui se lève
Et, tirant profit de vos rêves,
Sort du verre et marche invisible
Pour aller boire l'eau limpide
Des beaux visages endormis
C'est de la jeunesse qu'il vit !
Puis il regagne en grand silence
Son froid palais de transparences
Et vous ne verrez au réveil
A la lumière du soleil
Qu'un visage presque pareil
Un peu griffé par le sommeil.
LE MILLIARDAIRE
Jean Tardieu
John apportait un plateau
Sur lequel était un bateau.
Monsieur assis sur son lit
Passa son habit et dit:
" Posez ça là quelque part
Je termine mon cigare."
Une heure après John revint
La fenêtre était ouverte
Dans le lit il n'y avait rien
Rien non plus sous la plante verte
Et rien du tout sur le plateau
- Monsieur est parti en bateau.
Si j'avais une bicyclette
Ernest PEROCHON
Si j'avais une bicyclette,
J'irais dès le soleil levant,
Par les routes blanches et nettes
J'irais plus vite que le vent.
Si j'avais une automobile
Je roulerais au clair matin,
Je roulerais de ville en ville
Jusqu'aux murailles de Pékin.
Rêves
Léon-Paul Fargue
Un enfant court
Autour des marbres...
Une voix sourd
Des hauts parages...
Les yeux si graves
De ceux qui t'aiment
Songent et passent
Entre les arbres...
Aux grandes orgues
De quelque gare
Grande la vague
Des vieux départs...
Dans un vieux rêve
Au pays vague
Des choses brèves
Qui meurent sages...
GRENIER
Henri Thomas
Odeur de la famille !
Que j'aille me cacher
Au grenier qui m'habille
De poudreuse clarté !
Que l'hirondelle crie,
Qu'un chat vienne me voir,
La lucarne est emplie
De ciel et de silence.
Ou si l'averse inonde
Les tuiles murmurantes,
Que j'entre dans un monde
Tout protégé d'absence.
Charbon du crépuscule,
L'ange t'apporte à moi !
J'entends le vent léger
Qui marche sur le toit.
Ma maison
Maurice FOMBEURE
Maison, ô ma maison, bucolique de roses,
Tes briques de rubis et tes longs ciels mouillés,
Nous avons tant rêvé sous tes métamorphoses,
Sous la pluie, sous les cris des girouettes rouillées.
Tant rêvé dans le vide immense des greniers...
Nous te retrouverons peut-être dans le ciel
Avec notre chat noir, avec notre chat gris,
Avec quatre souris effarées au soleil,
Avec notre grand-père endormi sur le feu,
Avec notre grand-mère alerte dans ses veilles,
Maison, ô ma maison roulée dans le vent bleu,
Les écluses du vent coulent sur ton sommeil.
Tu dormais près du calme immense des forêts,
Moi, dans mon petit lit, je rêvais sous tes ailes,
Ou parfois j'écoutais les crapauds qui' chantaient,
Puis, ivre de douceur, le sommeil m'emportait,
Et je sentais mourir leur musique immortelle.
UNE MAISON DE RÊVES
Bernard LORRAINE
Dans ma demeure biscornue,
Pour les souris, les araignées,
Il y aura de hauts greniers
Eclairés au feu des cornues.
Mon chien Nabuchodonosor
Et mon matou Sardanapale
Méditeront sur le trésor
De mes pierres philosophales.
Sur le toit, un coq de bruyère
Me tiendra lieu de girouette.
Et un kangourou de brouette
Pour les courses chez l’épicière.
Une tribu de hérissons
Ramonera la cheminée.
Dans la cave approvisionnée :
Un tamanoir comme échanson.
Feu Saint-Elme sur les faîtières,
Quand l’orage joue au canon
La queue fourchue d’une guenon
Servira de paratonnerre.
L’âge venu de la raison,
Si mes lubies ne font pas grève
J’aurai la maison de mes rêves
Et des rêves dans ma maison.
L'autre monde
Anne SCHWARZ-HENRICH
Quand je ferme les yeux,
J'allume les lumières
Des plafonds merveilleux
Que déploient mes paupières
Et qui m'éclairent les lieux
Où je viens, solitaire,
Glaner des rêves bleus
Dans la nuit, sur mes terres.
Il était si loin... je l'ai à peine vu
Jean-Pierre ANDREVON
Une puce sur un drap
un trait de crayon
sur la page
une trace de doigt
sur la vitre embuée
une poussière dans l'œil
et plus rien
à nouveau
que du blanc
C'était un loup
dans l'hiver
rapide
vivant
et libre
J'ai tendu des cordes
de clocher à clocher ;
des guirlandes de fenêtre
à fenêtre ; des chaînes d'or
d'étoile à étoile,
et je danse.